Ostéopathie et entorse de cheville
- DB RV
- il y a 4 jours
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1) Définition et épidémiologie
L’entorse désigne un traumatisme ligamentaire causé par une sollicitation excessive d’une articulation. Les ligaments sont de courtes bandes de tissu solides qui maintiennent les os au niveau d’une articulation.
L’entorse de cheville est une affection courante et représente le premier motif de consultation d’urgence traumatologique. En France, on estime à 6 500 les consultations par jour aux urgences qui concernent des entorses de cheville. Cependant, on estime que moins de la moitié des patients ayant une entorse consultent après le traumatisme.
Selon les chiffres de Haute Autorité de Santé (HAS), 70 % de la population a déjà subi une blessure de cheville. L’entorse de cheville représenterait à elle seule 25 % des blessures sportives, tous sports confondus.
Certaines études mettent en avant une prévalence plus élevée chez les jeunes filles, notamment dans le cas de la pratique du football. Ces mêmes études montrent que la survenue d’entorse est rare avant 15 ans et après 55 ans.
2) Anatomie de la cheville et du pied

Organe de support et de mouvement, le pied est un organe très structuré, caractéristique de l’espèce humaine. Sa fonction statique est bien étudiée mais sa fonction dynamique est encore difficile à comprendre. Au total, le complexe pied-cheville comprend 38 articulations et 28 muscles.
La cheville permet de soutenir le poids du corps et d’assurer la propulsion du pied, permettant l’action de la marche.
L’anatomie de la cheville repose sur trois principaux ensembles ligamentaires :

Le ligament latéral externe (LLE) comportant trois faisceaux, antérieur, moyen et postérieur
Le ligament latéral interne (LLI) comportant deux faisceaux formant un triangle
Le ligament tibio-fibulaire antéro-inférieur reliant la partie inférieure des deux os dans le plan frontal.
Plusieurs groupes musculaires entourent la cheville et sont responsables des mouvements du pied et de la cheville. Parmi les principaux muscles figurent le muscle du mollet (triceps sural), le muscle tibial antérieur, les muscles long et court fibulaires et le muscle extenseur commun des orteils.
3) Mécanisme lésionnel et clinique
Il existe quatre types d’entorse de cheville/pied. La plus fréquente, de loin, est l’entorse externe en inversion de cheville. Elle représente, dans les services d’urgence, traumatologie et kinésithérapie, plus de 80 % des entorses.
L’entorse externe est due à un mécanisme traumatique brutal et survient lors d’une chute, ou d’un mouvement trop rapide et ou trop ample de la cheville.
Par son mécanisme en inversion, c’est-à-dire en flexion plantaire, adduction et supination forcée. Ce mouvement dévie le centre de gravité mettant en tension le système capsulo-ligamentaire de la cheville ce qui peut entraîner une déchirure partielle ou totale du ligament latéral externe.
Les autres types sont :
Entorse du ligament latéral interne (mouvement inverse de l’entorse externe)
Entorse de Chopard (interligne entre le talon et le tarse)
Entorse de Lisfranc (interligne entre tarse et métatarse)
Il existe trois stades de gravité :
Stade 1 : entorse bénigne
= élongation des ligaments sans rupture ligamentaire (1 à 3 semaines de guérison)
Stade 2 : entorse modérée
= déchirure partielle ligamentaire (jusqu’à six semaines pour la guérison)
Stade 3 : entorse grave
= déchirure totale des ligaments avec arrachement osseux associé (jusqu’à 3 mois).
Signes cliniques :
Douleur localisée au niveau de la malléole externe
Œdème + épanchement
Ecchymose « bleu »
Incapacité́ à poser le pied par terre
Douleur à la mobilisation de la cheville, à la palpation.
4) Entorse de cheville : Diagnostic

Le diagnostic s’effectue par l’examen clinique, en ville ou aux Urgences grâce aux « critères d’Ottawa » :

Douleur à la palpation des malléoles latérale ou médiale et 6 cm au-dessus
Douleur à la palpation du naviculaire
Douleur à la palpation de la base du cinquième métatarse
Incapacité d’effectuer quatre pas après le traumatisme ou pendant examen.
Cet examen clinique peut être réalisé en première intention en ville par le médecin ou à défaut par l’ostéopathe, formé à réaliser les tests suivants :
Test de provocation en varus
Test du tiroir antérieur
Palpation des ligaments/muscles
Diapason pour éliminer l’hypothèse d’un arrachement osseux/fracture.
La radio est prescrite lorsqu’un des critères d’Ottawa est positif et/ou si le patient a moins de 15 ans ou plus de 55 ans et permet de rechercher un arrachement osseux ou fracture.
5) Traitement
Le choix du traitement dépend du type d’entorse.
Le protocole PEACE and LOVE est aujourd’hui la méthode de référence la plus efficace en cas de lésion traumatique aigue, succédant aux précédentes méthodes GREC ou PRICE ayant été longtemps au programme de physiothérapie ces dernières décennies.
PEACE = dès les premiers jours après la blessure
P : protection de la zone lésée (orthèse ou béquille) et limitation des mouvements les deux à trois premiers jours
E : Élévation : surélever le membre lésé pour minimiser l’œdème
A : Avoid (éviter) les anti-inflammatoire car ils ralentissent la guérison tissulaire
C : Compression : taping ou bandage pour limiter le gonflement
E : Éducation du patient sur les étapes de récupération et l’importance du suivi pour une rééducation active et durable.
Le grade de l’entorse articulaire détermine en partie le temps nécessaire à la reprise des activités.
LOVE = Après quelques jours ou lorsque les symptômes aigus ont bien diminué : début de la stabilisation
L : Load (charge) : introduire une charge mécanique adaptée
O : Optimisme : influence de l’état psychologique sur la douleur et les résultats fonctionnels
V : Vascularisation : une activité comme la natation ou le vélo pour aider à maintenir une bonne circulation sanguine
E : Exercice : travail progressif de l’amplitude articulaire et restauration de la fonction musculaire.
Il faut en moyenne six semaines pour une cicatrisation ligamentaire complète. Cela dépend et varie selon plusieurs facteurs tels quel le stade d’entorse, l’assiduité du protocole mis en place, la capacité individuelle de cicatrisation (système immunitaire), etc.
Quel que soit le stade d’entorse, la rééducation par la kinésithérapie permet de travailler la proprioception (équilibre) et de renforcer le système musculo-ligamentaire locorégional lésé.
6) Apport de l’ostéopathie
La kinésithérapie et l’ostéopathie sont deux approches complémentaires qui, combinées, permettent une récupération optimale en cas de blessure de type entorse et d’accompagner la reprise sportive progressive.
L’entorse crée un déséquilibre corporel qui ne se limite pas à la mobilité de la cheville. Il est donc intéressant d’investiguer l’ensemble des systèmes et articulations en lien avec la lésion initiale.
Après un examen clinique précis, l’ostéopathe travaillera la mobilité articulaire de la cheville et du pied, mais aussi les fascias, aponévroses et muscles du pied et de la jambe.
Il pourra réaliser un bilan complet, détecter les déséquilibres et intégrer dans son plan de traitement l’ensemble des membres inférieurs mais aussi le bassin, le dos etc.
Selon le degré d’entorse et l’intensité de la douleur, il peut être préférable d’attendre quelques jours avant de consulter l’ostéopathe. Si vous avez un doute, demandez conseil à votre médecin référent.
7) Sources de l'article
Le manuel MSD : Article vérifié/révisé en oct. 2024
Haute autorité de santé : Recommandation de bonne pratiques (avril - mai 2025)
Université de Picardie Jules Verne : thèse de doctorat en médecine de ANTOINE LORIOT (septembre 2018)
La clinique du coureur :
Clinique orthopédique de Monaco IM2S : Article du Dr Feller| (décembre 2023)
La médecine du sport - Centre hospitalier universitaire de Brest (CHRU Brest) : Article des Dr Gurvan Prigent, Guillaume Prado, Yannick Guillodo.
Clinique orthopédique de Monaco - IM2S : Article du Dr Feller| (décembre 2023)
Fédération française de football : Diaporama d’Emmanuel ORHANT
Groupe ELSAN (cliniques privées)