Ostéopathie et syndrome du canal carpien
- DB RV
- 19 juin
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 9 juil.

1) Définition et épidémiologie
Le syndrome du canal carpien est un syndrome canalaire correspondant à la compression du nerf médian dans le canal carpien au niveau du poignet.
Il s’agit d’une affection neurologique fréquente et bénigne du membre supérieur.
Le syndrome du canal carpien est l’un des troubles musculo-squelettiques les plus fréquents.
En France, l’incidence annuelle du syndrome du canal carpien est estimée à 3 pour 1000.
C’est une pathologie de prédominance féminine, avec un ratio de trois femmes pour un homme.
L’âge moyen du début des symptômes se situe entre 45 et 50 ans.
2) Le canal carpien
Le canal carpien est la zone de transition entre l'avant-bras et la main. Il s'agit d'un canal ostéofibreux étroit, situé en profondeur à la face palmaire du poignet. Il est délimité par le rétinaculum des fléchisseurs en avant, et par le plancher des os du carpe en arrière.
Il contient le nerf médian ainsi que neuf tendons musculaires : quatre tendons du muscle fléchisseur superficiel des doigts, quatre tendons du muscle fléchisseur profond des doigts, et le tendon du muscle long fléchisseur du pouce. Ces tendons sont enveloppés dans une gaine synoviale permettant le passage du nerf médian.
Le nerf médian est l’une des branches terminales du plexus brachial. Il prend son origine au niveau des racines rachidiennes C5, C6 et C7, C8 et T1. Il chemine jusqu’au bord inférieur du rétinaculum des fléchisseurs.

Innervation sensitive du Nerf Médian
Le nerf médian, lorsqu'il traverse le canal carpien, est responsable de la sensibilité d'une partie cruciale de la main :
Face palmaire (paume) et doigts : Il assure la sensibilité de la face palmaire des trois premiers doigts (le pouce, l'index et le majeur) ainsi que de la moitié du quatrième doigt (l'annulaire, côté pouce). Il innerve également la moitié de la paume de la main et l'éminence thénar.
Note pour le lecteur : L'éminence thénar est le renflement musculaire situé à la base du pouce, dans la paume de la main.
Face dorsale (dos) des doigts : Le nerf médian contribue aussi à la sensibilité de la face dorsale des deuxièmes et troisièmes phalanges de l'index et du majeur, ainsi que de la moitié de l'annulaire (côté pouce) sur cette même face dorsale.
Innervation motrice et fonctions du Nerf Médian
Au-delà de la sensibilité, le nerf médian joue un rôle essentiel dans le mouvement de la main et des doigts. Il innerve certains muscles qui permettent :
Les mouvements d'opposition (permettant de toucher le bout des autres doigts avec le pouce) et d'antépulsion du pouce (avancer le pouce).
La flexion du poignet.
La flexion des trois premiers doigts (pouce, index, majeur).
La pronation (rotation de l'avant-bras pour que la paume de la main regarde vers le bas ou en arrière).
3) Clinique
Les symptômes :
Paresthésies nocturnes et diurnes dans le territoire du nerf médian (trois premiers doigts + face interne du quatrième doigt face palmaire
Douleur de type de picotement/décharge électrique ou engourdissement sur le territoire du nerf médian
Douleur unilatérale ou bilatérale
Les douleurs pouvant réveiller la nuit
Apparition d’un déficit moteur et d’une amyotrophie de la loge thénar.
Les causes et facteurs favorisants :
A l’heure actuelle, le syndrome du canal carpien est dans la majorité des cas idiopathique, c’est-à-dire sans cause identifiée.
Mais certains facteurs peuvent favoriser la compression du nerf médian dans le canal carpien :
Facteur hormonal ou métabolique : hypothyroïdie, ménopause, insuffisance rénale, diabète, grossesse
Anomalie constitutionnelle ou acquise du poignet : le canal peut être naturellement étroit, ou bien déformé ou rétréci suite à un traumatisme comme une fracture du poignet, une luxation ou une tendinite.
Certaines maladies rhumatismales : polyarthrite rhumatoïde, goutte
Certains mouvements ou postures : lors de travaux manuels répétitifs, rapides, sollicitant les membres supérieurs, dans le cadre professionnel ou extra-professionnel (bricolage, jardinage, ménage, couture, coiffure, caissier(ère), boulanger, musiciens, etc).
L’existence d’un lien entre le syndrome du canal carpien et l’utilisation de la souris informatique n’a pas été établie avec certitude.
4) Diagnostic et traitement
=> Le diagnostic se fait d’abord par un examen clinique de la main et du poignet.
Signe de Tinel : reproduction des paresthésies et/ou douleur sur le territoire du nerf lors de la percussion du canal carpien
Signe de Phalen : reproduction des paresthésies à la flexion forcée du poignet
Faiblesse des muscles thénariens
Perte de la sensibilité dans le territoire du nerf médian.
L’électromyogramme (EMG) est l’examen complémentaire de référence. C’est un examen fiable qui permet d’évaluer la sévérité de la lésion du nerf médian. Il permet également de rechercher d’autres lésions nerveuses associées au rachis cervical (névralgie cervico-brachiale, syndrome du défilé thoraco-brachial), ou au membre supérieur (compression d’autres nerfs, comme le nerf ulnaire).
=> Le choix du traitement dépend de la sévérité du syndrome du canal carpien, des facteurs favorisants sa survenue et de la présence ou non de pathologies concomitantes.
En l’absence de signes de gravité, le traitement aura pour but de conserver une intégrité motrice et sensorielle.
Ce traitement comprend le port d’une attelle amovible d’usage nocturne pour soulager les symptômes.
Les médicaments antalgiques ou anti-inflammatoires non stéroïdiens seront prescrits avec précaution car ils comportent des contre-indications et peuvent être responsables d’effets secondaires.
L’infiltration de corticoïde en seconde intention apporte un soulagement immédiat mais temporaire et doit être limitée et espacée dans le temps.
Le traitement chirurgical est envisagé dans les formes graves ou en cas d’échec thérapeutique. Il consiste à sectionner le ligament annulaire du carpe pour réduire la compression du nerf médian.
Plus la prise en charge est précoce, plus elle permet d’éviter ou de retarder la chirurgie et les infiltrations.
5) Apport de l’ostéopathie
L’objectif est de rétablir un équilibre musculo-squelettiques et de :
Redonner de la mobilité
Réduire les tensions musculo-ligamentaires
Favoriser la circulation sanguine
Approche posturale
Éviter ou retarder l’acte chirurgical (en collaboration étroite avec le personnel médical du patient).
L’ostéopathe vous donnera également quelques conseils et des exercices d'auto-traitement.
En tant qu'approche holistique du corps humain, pour ce qui est du syndrome du canal carpien, l'ostéopathie ne se contente pas de traiter la main et le poignet. Les techniques employées peuvent aussi cibler des zones éloignées comme les cervicales, l'épaule, le coude et toute autre région présentant des tensions qui contribuent au problème.
Des études récentes ont montré son efficacité pour atténuer les symptômes de ce syndrome. C'est une approche complémentaire intéressante, mais elle ne remplace pas le traitement médical.
6) Sources de l'article
=> Ouvrage
Pierre Kamina - Anatomie Clinique (Tomes I-V) - Editions Maloine.
=> Articles
Le manuel MSD : Article de David R. Steinberg (mai 2024).
Santé publique France : Article publié en avril 2024.
Santé publique France : Bulletin épidémiologique hebdomadaire No11 Juillet 2021. Auteurs : Émilie Chazelle, Natacha Fouquet, Yves Roquelaure.
Haute autorité de santé
National Library of Medicine - Pan African Medical Journal : Article publié en 2018. Auteurs : Amine Tahir, Amine Sdoudi, Mohamed Chahed, Aniss Elbaitil, Lkoutbi Fakherdine, Yasser Sbihi, Driss Bennouna, Mustafa Fadili.
Centre canadien d'hygiène et de sécurité au travail : Article révisé en mai 2024.
National Library of Medicine - Journal of Orthopaedic & Sports Physical Therapy : Article publié en mars 2017. Auteurs : César Fernández-de-Las-Peñas, Joshua Cleland, María Palacios-Ceña, Stella Fuensalida-Novo, Juan A Pareja, Cristina Alonso-Blanco.
National Library of Medicine - De Gruyter Brill : Article de mars 2015. Auteurs : Taylor Burnham, Derek C Higgins, Robert S Burnham, Deborah M Heath.
National Library of Medicine – Revue Neurologique : Volume 167, Issue 1, January 2011, Pages 64-71. Auteurs : P. Petiot, E. Bernard.