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Ostéopathie et syndrome de l'essuie-glace

  • Photo du rédacteur: DB RV
    DB RV
  • 30 oct.
  • 5 min de lecture
syndrome de la bandelette ilio-tibiale
Source : Opentri.fr

1) Qu'est-ce que le syndrome de la bandelette ilio-tibiale (essuie-glace) ? Chiffres clés.

 

Le syndrome de la bandelette ilio-tibiale, souvent appelé syndrome de l’essuie-glace, est une douleur fréquente située sur le côté externe du genou. Elle est fréquente chez les coureurs et les cyclistes. Elle est due à une inflammation d’un tendon appelé tractus ilio-tibial, une sorte de bande fibreuse qui relie la hanche au tibia.


Les données épidémiologiques indiquent que ce syndrome représenterait 5 à 14 % des blessures liées à la course à pied. Par ailleurs, une étude menée en France indique que près de 10 % des coureurs en seraient atteints.

  

2) Anatomie de la bandelette ilio-tibiale : muscles associés et fonctions stabilisatrices.


La bandelette ilio-tibiale correspond à un épaississement du fascia lata. Elle s’étend depuis la crête iliaque, au niveau du bassin, jusqu’à la tubérosité latérale du tibia également connue sous le nom de Tubercule de Gerdy.

 

Cette structure fibreuse constitue un point de convergence pour deux muscles importants de la hanche :

  • En avant, le Muscle Tenseur du Fascia Lata (TFL).

  • En arrière, le Muscle Grand Fessier.

 

Son rôle principal est d’assurer la stabilité de la hanche et du genou dans les plans sagittal et frontal. Elle assure la transmission des forces entre le bassin et le tibia et contribue au maintien de l’alignement du membre inférieur pendant la marche et la course.


Elle participe aussi :

- à l’écartement de la cuisse vers l’extérieur (abduction de la hanche par l’action du TFL),

- à la flexion du genou,

- et à sa rotation vers l’intérieur.

 

3) Syndrome de l'essuie-glace : mécanisme d'apparition, symptômes et facteurs de risque.

 

Lors de la course à pied, lorsque le genou atteint environ 30° de flexion, la bandelette ilio-tibiale se déplace d’avant en arrière sur le condyle fémoral latéral, à la manière d’un essuie-glace.

Ce mouvement répété de frottement au cours des phases de flexion et d’extension entraîne la formation de microlésions au niveau des fibres de collagène, provoquant ainsi une réaction inflammatoire locale.


Plusieurs éléments peuvent favoriser l'apparition du syndrome de l'essuie-glace :


  • Surcharge d'entraînement : une augmentation trop rapide de la fréquence ou de l'intensité (charge) des séances.

  • Déficits musculaires : une faiblesse au niveau des muscles de la hanche ou du genou (instabilité).

  • Matériel inadapté : l'utilisation de chaussures de course inadaptées ou de semelles orthopédiques mal ajustées.

  • Type de terrain : la pratique de la course à pied sur des terrains irréguliers, en pente ou de mauvaise qualité.


Les principaux symptômes du syndrome de l'essuie-glace incluent :

  • une douleur de type brûlure, localisée sur le côté externe du genou,

  • une sensibilité au toucher, surtout au niveau du petit relief osseux appelé tubercule de Gerdy,

  • une douleur déclenchée ou aggravée par la course, la marche, voire la montée ou la descente d’escaliers,

  • en l’absence de prise en charge adaptée, une évolution possible vers une gêne persistante, même au repos.


4) Diagnostic et prise en charge du syndrome de l’essuie-glace : repos, kinésithérapie et semelles

 

Établissement du diagnostic

Le diagnostic de ce syndrome repose sur un examen clinique réalisable par un un médecin généraliste, un kinésithérapeute ou un ostéopathe.


Cet examen comporte deux éléments clés : 

  • Palpation du genou mettant en évidence une douleur sur le tubercule de Gerdy, sur la partie externe du condyle fémoral et 2 à 3 cm au-dessus de l’interligne articulaire.

  • Deux tests orthopédiques spécifiques :

    • Test de Renne : Le patient se tient sur une jambe et effectue une trentaine de mouvements de flexion-extension. Le test est jugé positif si en fin de mouvement une douleur apparaît sur la zone externe du genou (au niveau du tubercule du condyle externe).

Test de Renne
Source : Institut de Thérapie Manuelle et de Physiothérapie (ITMP)
  • Test de Noble. Le patient est allongé sur le côté, genou fléchi à 90 degré. Le praticien exerce une pression digitale sur le sommet du condyle externe à 2 à 3 cm au-dessus de l’interligne articulaire pendant qu’il réalise une extension passive du genou. Le test est positif lorsqu’une douleur vive apparait à 30 degré d'extension.

 

Test de Noble
Source : Piriforme

Le reste de l’examen clinique est généralement normal et ces deux tests suffisent au diagnostic.


Des examens complémentaires peuvent être prescrits uniquement en cas de doute afin d’écarter d’autres pathologies ou de confirmer l’inflammation :

  • radiographie (pour exclure une arthrose ou une fracture)

  • ou échographie (afin de détecter un éventuel épanchement articulaire).


Principes de la prise en charge

Le traitement commence par l’éducation thérapeutique du patient. Cela consiste en l’explication du diagnostic ainsi que les mesures à mettre en place pour la guérison.


Selon l’intensité du syndrome, un repos sportif temporaire peut être recommandé. L’objectif principal de la prise en charge est de permettre la poursuite de l’activité physique, mais à un rythme moins soutenu, afin de réduire le stress mécanique.


Le protocole thérapeutique repose sur une approche pluridisciplinaire :

  • rééducation par l'exercice : elle comprend des exercices de renforcement musculaire réalisables à domicile, en salle de sport ou avec un kinésithérapeute,

  • suivi ostéopathique : pour améliorer l’équilibre postural et la mobilité articulaire,

  • prescription de semelles orthopédiques : Ce complément thérapeutique est envisagé en fonction du bilan clinique initial.


À domicile, il est conseillé d’effectuer régulièrement des étirements et d’appliquer du froid durant la phase inflammatoire.

 

Si ces traitements restent sans effet, une infiltration de corticoïdes peut être envisagée.

 

5) L'ostéopathe face au syndrome de l’essuie-glace : approche globale et prévention des récidives

 

L’ostéopathie offre une approche globale et complémentaire dans la prise en charge du syndrome de l’essuie-glace en agissant sur les causes mécaniques et fonctionnelles qui entretiennent la douleur.

 

L’ostéopathe recherche les déséquilibres biomécaniques pouvant modifier la tension de la bandelette ilio-tibiale :

 

  • troubles de la mobilité du bassin,

  • désaxation fémoro-tibiale,

  • dysfonction du pied et de la cheville.

 

Ces trois facteurs peuvent impacter la chaîne postéro-latérale du membre inférieur.

 

Le traitement ostéopathique vise à réharmoniser les tensions myofasciales du TFL, du grand fessier et des autres muscles stabilisateurs de hanche tout en améliorant la mobilité articulaire de la hanche, du genou et de la cheville.

 

Par un travail doux sur les tissus conjonctifs, les articulations et la posture globale, l’ostéopathie favorise la diminution de l’inflammation, la relaxation musculaire et une meilleure répartition des contraintes lors de la course ou de la marche.

 

Enfin, elle joue un rôle important dans la prévention des récidives, en accompagnant le sportif dans la correction de ses appuis, de sa gestuelle et de son schéma corporel.


6) Sources de l'article

  • ScienceDirect - Journal de Traumatologie du Sport : Auteurs L. Derville, B. Lemarchand, J.M Franco, P. Gaillard, P. Le Nabat. Volume 41, No 1, mars 2024, Pages 58-72.

  • HAL open science - Université Aix-Marseille – Formation en Masso-Kinésithérapie : Mémoire de fin d’étude de Maëva Goncalves Filipe (octobre 2023).

  • National Library of Medicine - Revue « The physician and sports medicine » : Auteurs : Jandre V Marais, Audrey Jansen van Rensburg, Martin P Schwellnus, Esme Jordaan, Pieter Boer. Volume 52, avril 2024 - Numéro 6

  • National Library of Medicine - Journal of Orthopaedic Surgery and Research : Auteurs : Janine McKay, Nicola Maffulli, Rocco Aicale and Jack Taunton. Parution en mai 2020

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