Ostéopathie et pathologies respiratoires chroniques : Apnée du sommeil
- DB RV
- 8 mai
- 5 min de lecture
Bienvenue dans cette rubrique portant sur le thème des pathologies respiratoires chroniques.
Les maladies respiratoires chroniques touchent plus de 550 millions d’adultes dans le monde, c’est l’une des principales causes de décès et d’invalidité.
Ici, nous aborderons trois pathologies courantes, chacune détaillée dans un article mensuel.
L’Asthme (article précédent)
La BPCO (bronchopneumopathie chronique obstructive) (article précédent)
L’Apnée du sommeil (présent article)
1) Apnée du sommeil : Définition et épidémiologie
Le syndrome d’apnée obstructive du sommeil, ou SAHOS pour Syndrome d’Apnée Hypopnée Obstructive du Sommeil, est un trouble de la ventilation nocturne dû à la survenue anormalement fréquente de pauses respiratoires.
Il est normal de faire des pauses respiratoires pendant le sommeil, mais si elles sont nombreuses et durent plus de 10 secondes, elles fragmentent le sommeil, le rendent moins récupérateur et ont des répercussions sur la santé.
Cette pathologie touche un milliard de personnes dans le monde. En France, 1,8 millions de personnes sont traitées. Le risque augmente avec l’âge, affectant ainsi 30 % des plus de 65 ans.
L’apnée du sommeil est surveillée de manière plus systématique de nos jours car c’est un facteur de risque cardiovasculaire important.
2) Clinique
=> Mécanisme
Le syndrome d’apnée hypopnée du sommeil de l’adulte est causé par un relâchement des muscles des parois du pharynx. Il y a hypopnée lorsque le débit d’air inspiré est alors significativement diminué, apnée quand le passage de l’air est totalement interrompu : dans ce deuxième cas, un système d’alerte se déclenche alors dans le cerveau et provoque un micro-réveil.
Le phénomène se produit au moins cinq fois par heure de sommeil, pendant au moins 10 à 30 secondes à chaque fois
Le SAHOS est souvent ignoré par le patient.
=> Facteurs de risque
Age
Sexe masculin
Surpoids / obésité
3) Diagnostic
Plusieurs étapes pour le diagnostic, selon l’American academy of sleep medecine :
a) Critères cliniques
Somnolence diurne excessive et non expliquée par d’autres facteurs.
b) Au moins deux autres critères parmi les suivants
Ronflements sévères et quotidiens
Sensation d’étouffement ou de suffocation durant le sommeil
Sommeil non réparateur
Fatigue diurne
Difficultés de concentration
Nycturie (plus d’une miction par nuit).
c) Les examens complémentaires
La polysomnographie est l’examen de référence pour étudier le sommeil et confirmer le diagnostic de SAHOS.
Cet examen est effectué généralement lors d’une nuit en clinique ou les paramètres suivants seront évalués :
Phases de sommeil
Qualité du sommeil
Rythme cardiaque
Saturation en oxygène sanguin
Présence d’apnées et leur nombre
Présence d’hypopnée et leur nombre
Présence de ronflements
Présence de micro-réveils
Activité électrique du cerveau
Origine de l’apnée (centrale ou obstructive)
Un autre examen peut être réalisé au domicile du patient, il s’agit de la polygraphie du sommeil. Il est similaire au premier examen mais est réalisé sans surveillance médicale et est moins complet.
L’IAH est l’index d’apnée/hypopnée, une fois le SAHOS diagnostiqué, il permet d’évaluer sa gravité. Il peut être :
Compris entre 5/H et 15/H => SAHOS léger
Compris entre 15/h et 30/h => SAHOS modéré
Supérieur à 30/h => SAHOS sévère
Une fois le SAHOS diagnostiqué, un scanner facial sera également réalisé pour visualiser les voies aériennes postérieures. Il permet d’étudier le positionnement de la langue et l’ensemble des structures osseuses locales.
4) Traitement et recherche
Le suivi de mesures hygiéno-diététiques constitue un premier traitement indispensable de l'apnée du sommeil. Selon le degré du SAHOS, dans les formes légères, il peut suffire.
Ces mesures hygiéno-diététiques consistent à réduire les facteurs de risque cardiovasculaires :
Pratiquer une activité physique régulière
Perte de poids en cas de surpoids/obésité
Arrêt de la consommation de tabac
Réduction de la consommation d’alcool
Adopter une routine de sommeil
Ensuite, deux méthodes de traitement sont traditionnellement proposées :
Le traitement par Pression Positive Continue (PPC)
C’est le plus courant. L’appareil ci-dessus envoie de l’air dans les voies respiratoires par pression positive continue (PPC). L'application d'une PPC dans les voies aériennes supérieures évite le blocage de l'inspiration et prévient la survenue de l'apnée. Le débit d'air est fourni par une machine, reliée à un masque nasal par un tuyau souple. Le masque est appliqué sur le visage par un système de harnais.
Ce traitement peut avoir des effets secondaires : irritation du visage par le masque, sécheresse du nez et de la bouche, rhinite, inconfort digestif.
Il présente cependant de très bons résultats en cas de SAHOS modérés et sévères.
Le traitement par Orthèse d’Avancée Mandibulaire ou OAM
Ces orthèses sont généralement prescrites pour le traitement des SAHOS légers à modérés. Le principe est de maintenir la mâchoire inférieure (mandibule) en position légèrement avancée pour libérer les voies respiratoires postérieures, permettant un plus grand passage d’air et a fortiori une meilleure ventilation.
C’est un traitement moins invasif que le PPC.
La chirurgie orthogénétique d’avancée mandibulaire
Cette troisième méthode est généralement proposée en seconde intention.
Le SAHOS ou SAOS est une pathologie décrite pour la première fois en 1972 par un médecin français (Christian Guilleminault). C’est donc une affection relativement récente, mais qui constitue un enjeu sanitaire majeur en France et dans le monde de par sa forte prévalence. La PPC reste encore aujourd’hui le traitement de référence. De plus en plus, le SAHOS bénéficie d’un suivi dans lequel plusieurs professions de la santé s’inscrivent.
5) Apport de l’ostéopathie
Selon deux études (Richard 2011) et (Bisaillon 2015), dans les cas d’apnée du sommeil modérée, l’ostéopathie en complément au traitement médical avec PPC permettrait des améliorations plus importantes des symptômes.
L’ostéopathie est une thérapie manuelle basée sur une approche globale, l’ensemble du corps sera pris en compte.
En travaillant sur le diaphragme, muscle principal de la respiration, l’ostéopathe peut améliorer l’aisance respiratoire.
Il peut travailler la mobilité de la cage thoracique ainsi que le système ORL notamment pharyngo-laryngé.
Les sphères maxillo-faciale et crânienne seront également investiguées.
6) Sources de l'article
Haute Autorité de Santé : Communiqué de presse - Mis en ligne en septembre 2014
r
Haute Autorité de Santé : Article publié en octobre 2014
INSERM : Article publié en novembre 2024
Syndrome d'Apnée Obstructive du Sommeil (SAOS) :
Institut National du Sommeil et de la Vigilance (INSV) :
Haute Autorité de Santé : Rapport d’évaluation technologique publié en 2012
Haute Autorité de Santé : Article publié en juillet 2024
National Library of Medecine (NIH) : Canadian Respiratory Journal Vol 14 No 1, 2015
National Library of Medecine (NIH) : Journal of Clinical Sleep Medicine, Vol. 11, No. 7, 2015
Société française de Recherche et de médecine du Sommeil (SFRMS) :